La santé bucco-dentaire – une épidémie cachée

Près de la moitié de la population mondiale (3,5 milliards de personnes) vit avec une ou plusieurs maladies bucco-dentaires non traitées. Bien qu’elles soient en grande partie évitables, ces affections peuvent provoquer des douleurs, des infections, des troubles et d’autres effets négatifs sur la santé. Aucun autre groupe de maladies ne touche la population de tous les pays et à tous les stades de la vie autant que les maladies bucco‑dentaires[1].

L’augmentation mondiale des maladies bucco-dentaires peut être liée à plusieurs facteurs, notamment la consommation excessive de sucre, de tabac ou d’alcool, ainsi que, plus généralement, les déterminants sociaux, commerciaux et politiques qui ont une incidence sur la santé. Les données montrent que les maladies bucco‑dentaires affectent de manière disproportionnée les groupes les plus vulnérables et les plus défavorisés au sein des sociétés et entre elles. Il existe de grands écarts dans la couverture de la population pour les services préventifs et cliniques, en particulier au détriment des communautés rurales, à faibles ressources et marginalisées.

En outre, les systèmes de santé bucco-dentaire donnent souvent la priorité à des interventions coûteuses, qui nécessitent des technologies onéreuses, et suivent des approches centrées sur les dentistes, plutôt que de se concentrer en priorité sur des mesures rentables axées sur la prévention.

La Thaïlande place la santé bucco‑dentaire au cœur de la couverture sanitaire universelle

En 2002, la Thaïlande a mis en place un système de couverture sanitaire universelle (CSU) qui propose des soins de santé complets par le biais de trois régimes publics d’assurance maladie, qui couvrent collectivement l’ensemble de la population. L’approche suivie par la Thaïlande inclut notamment les services de santé bucco-dentaire, les rendant ainsi accessibles à tous. Un large éventail de services de santé bucco-dentaire sont pris en charge, notamment en matière de prévention, de traitement et de réadaptation, ce permet au système de CSU thaïlandais de se distinguer de beaucoup d’autres.

L’approche multisectorielle de la santé publique universelle développée au fil des ans en Thaïlande, accorde également la priorité à la santé bucco-dentaire. Le ministère de la Santé publique met en œuvre depuis de nombreuses années des programmes d’éducation à la santé bucco‑dentaire destinés aux enfants en âge scolaire, en vue d’encourager de bonnes habitudes bucco‑dentaires dès le plus jeune âge. Les enseignants, les parents, les communautés et les soignants locaux unissent leurs efforts pour veiller à ce que les enfants aient des dents saines à la maison et à l'école. Cette collaboration entre les secteurs de la santé et de l'éducation s'est renforcée au fil du temps et s'est avérée essentielle pour développer et maintenir des programmes de santé bucco‑dentaire en milieu scolaire, démontrant ainsi la valeur de la coopération multisectorielle dans la promotion de la santé bucco‑dentaire dans le cadre de la CSU.

La Dental Association of Thailand (DAT) – l’association professionnelle des dentistes du pays – a également contribué au programme scolaire de santé bucco‑dentaire en dispensant des conseils visant à prévenir les caries dentaires précoces, tels que l’utilisation de produits à base de fluor et des lignes directrices pour l'évaluation des risques de caries.

En outre, la DAT fournit un niveau supplémentaire de services de prévention et de promotion en s’attaquant aux facteurs de risque communs des MNT, tels que la consommation de sucre et de tabac. Ainsi, la DAT a apporté son soutien au plaidoyer en faveur de l’élimination du sucre ajouté aux préparations pour nourrissons et reconnaît également l’importance des politiques qui s’attaquent aux déterminants de la santé en amont.

Concernant la lutte antitabac, en Thaïlande, les pratiques de sevrage tabagique ont été intégrées, depuis 2019, au tronc commun du programme de tous les étudiants en médecine dentaire. L'Alliance des dentistes thaïlandais contre le tabac a collaboré avec la DAT et le ministère de la Santé publique à un programme de dépistage du cancer de la bouche chez les personnes à risque dans le cadre du programme de lutte contre le tabagisme. Depuis 2021, le programme a été intégré dans les prestations du régime national, ce qui permet à toute personne âgée de plus de 40 ans de bénéficier d’un dépistage une fois par an. En 2022, plus de 3 000 000 de personnes éligibles ont subi un dépistage du cancer de la cavité buccale (données issues du Health Data Center du ministère de la Santé publique).