Réduire l'écart du cancer pour les femmes au Rwanda

Messages clés

  • Au Rwanda, les femmes sont confrontées à un accès limité à des services de santé de qualité, ce qui a des incidences sanitaires, économiques et sociales, en particulier dans les milieux à faibles ressources.
  • L’initiative Patient Navigation du Rwanda vise à réduire la morbidité et la mortalité dues au cancer du sein et du col de l’utérus grâce à un meilleur accès au dépistage, au diagnostic et aux soins.
  • Elle est mise en œuvre par l’Alliance rwandaise sur les MNT en collaboration avec le ministère rwandais de la Santé, le Centre biomédical du Rwanda (RBC), l’Institut international du cancer (ICI), l’hôpital militaire du Rwanda et l’hôpital du district de Masaka.
  • Entre son lancement en septembre 2022 et mars 2023, l’initiative a obtenu des résultats impressionnants : 14 435 femmes au total ont été dépistées dont 302 diagnostiquées et traitées.
  • L’initiative aborde des défis tels que le manque de connaissances en matière de santé, les idées reçues et la stigmatisation, la pauvreté et le recours aux guérisseurs traditionnels.
  • Le Rwanda fait figure de leader régional en matière de soins de santé et de CSU, 90,5 % de la population disposant d’une assurance maladie sous une forme ou une autre.
  • Les soins de santé primaires dans les zones rurales et périurbaines ont été renforcés pour lutter contre les maladies chroniques conformément à la stratégie PEN-Plus de l’OMS, la stratégie régionale pour s’attaquer aux MNT dans les établissements de santé d’orientation-recours de premier niveau en Afrique, lancée par l’OMS en 2022.

Le Rwanda – leader régional en matière de couverture sanitaire universelle

Le Rwanda fait figure de leader régional en matière de soins de santé et de couverture sanitaire universelle (CSU). Le pourcentage de la population disposant d’une assurance maladie est passé de 43,3 % en 2005 à 90,5 % en 2020. L’assurance, également connue sous le nom d’assurance maladie communautaire (CBHI), a également permis de réduire les obstacles financiers tels que les dépenses directes, en particulier pour les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables.

Les progrès vers la pleine réalisation de la CSU au Rwanda ont été alimentés par la mise en œuvre de la stratégie PEN-Plus de l’OMS visant à accroître la capacité des établissements de soins de santé primaires dans les zones rurales et périurbaines à lutter contre les maladies non transmissibles (MNT) telles que le cancer, le diabète de type 1, la drépanocytose et les cardiopathies rhumatismales, en vue de décentraliser les services médicaux et d’accroître l’accessibilité. La vaccination constitue une autre avancée majeure de la couverture sanitaire rwandaise. Le pays a désormais un taux de couverture vaccinale de 93 %, ce qui participe à l’éradication de maladies infectieuses telles que la poliomyélite et la rougeole.

Depuis 2020, le gouvernement rwandais consacre plus de 15 % de son budget aux soins de santé, conformément à la Déclaration d’Abuja de 2001, ce qui témoigne de l’engagement du pays à doter la CSU de ressources adéquates.

Cependant, il reste des défis à relever pour parvenir à la CSU, dont notamment la difficulté à atteindre les personnes les plus exclues du secteur informel, la nécessité de réduire la part des coûts à la charge des patients et d’assurer la viabilité économique du système de santé.

Medical workers in Rwanda

Combler l’écart de prise en charge du cancer chez les femmes au Rwanda

À l’instar d’autres MNT, la charge du cancer au Rwanda est en augmentation. Cependant, selon les données 2007-2018 du registre du cancer récemment créé dans le pays, tout laisse à penser que la plupart des cas de cancer au Rwanda ne sont jamais diagnostiqués ni traités. Cela est particulièrement vrai pour les femmes, avec seulement un nouveau cas de cancer du sein sur cinq détecté chaque année.

En raison des normes sexistes, les femmes sont souvent confrontées à un accès limité à des services de santé de qualité et plus exposées aux maladies non transmissibles (MNT) et à leurs facteurs de risque, ce qui a des répercussions au plan sanitaire, économique et social, en particulier dans les contextes à faibles ressources. L’initiative Patient Navigation (Navigation des patients) récemment lancée au Rwanda tente de changer la donne en améliorant l’accès au dépistage, au diagnostic et à la prise en charge du cancer.

L’objectif est de réduire la morbidité et la mortalité dues au cancer du sein et du col de l’utérus grâce à un meilleur accès au dépistage et à la détection précoce, ainsi qu’à l’amélioration du diagnostic et du traitement des affections bénignes et malignes.

Mise en œuvre par l’Alliance rwandaise sur les MNT dans la ville de Kigali, en étroite collaboration avec le ministère rwandais de la Santé, le Centre biomédical du Rwanda (RBC), l’Institut international du cancer (ICI), l’hôpital militaire du Rwanda et l’hôpital du district de Masaka, l’initiative constitue un exemple de collaboration entre le secteur public, la société civile et le gouvernement.

Depuis le lancement de l’initiative, 14 435 femmes ont passé un dépistage du cancer entre septembre 2022 et mars 2023, et 302 patientes ont été diagnostiquées et traitées.

Outre l’amélioration du diagnostic et de la prise en charge, la formation des professionnels de santé est un élément central de l’initiative. L’initiative applique le Guide de l’OMS pour le diagnostic précoce du cancer et aborde des défis tels que le manque de connaissances en matière de santé, les idées reçues et la stigmatisation, la pauvreté et le recours aux guérisseurs traditionnels.

 

Recommandations

Tirer les leçons de l’expérience rwandaise

Des initiatives comme Patient Navigation, qui rassemblent la société civile et les autorités de santé publique, sont la voie à suivre pour aller au-devant des femmes et des populations vulnérables ou marginalisées dès le début et les accompagner tout au long du processus de traitement.

Une approche pansociétale est nécessaire pour que la CSU tienne compte des particularités de chaque pays et de l’impact des déterminants sociaux tels que l’éducation, l’appartenance ethnique, l’âge ou le sexe. D’autres pays devraient prendre note de l’importance d’impliquer la société civile dans les rôles de gouvernance et de prise de décision en matière de CSU. C’est la seule garantie pour garantir une réponse appropriée et qui s’attaque aux obstacles structurels qui mettent certaines personnes en risque d’exclusion, comme c’est le cas des femmes vivant avec le cancer au Rwanda.

Il est essentiel de développer un leadership fort et inclusif. L’expérience du Rwanda montre que les pays ont besoin d’institutions et de cadres juridiques solides et axés sur les résultats, qui permettent une participation significative des citoyens et assurent la responsabilisation.

À l’avenir, l’Alliance rwandaise sur les MNT prévoit d’ajouter une démarche plus globale à l’initiative, avec notamment un tutorat autour du dépistage du cancer chez les femmes et de la réponse aux résultats du VPH ; le suivi, l’évaluation et la gestion des données ; l’information des pouvoirs publics en vue de réduire la charge financière du diagnostic pour les personnes vivant avec le cancer ; et la création d’un centre de soins palliatifs et d’éducation à la santé pour faciliter l’autoréadaptation.

Consultez notre note d'orientation
pour en savoir plus sur les revendications politiques de l’Alliance sur les MNT en vue de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la CSU de 2023

NOUS REMERCIONS POUR CETTE ÉTUDE DE CAS L'Alliance MNT de Ruanda,le ministère de santé de Ruanda, Rwanda Biomedial Center (RBC), International Cancer Institute (ICI), l'hôpital militaire de Ruanda, et l'hôpital Masaka District.